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Et si on "wwoofait"?

wwoofing
Le wwoofing, un bon moyen de vivre une expérience humaine au milieu de la nature

Pour tous ceux qui ne connaissent pas, le woofing est un concept de voyage à la fois économique, solidaire et écologique. En anglais wwoofing signifie World-Wide Opportunities on Organics Farms. Traduction : le wwoofing consiste en fait à donner de son temps pour travailler sur une exploitation agricole biologique. Qui dit donner, signifie donc bénévolat. En échange de votre participation gracieuse aux différentes tâches nécessaires au fonctionnement d'une ferme, le propriétaire de l'exploitation agricole chez qui vous travaillez vous loge et vous nourrit gratuitement au sein de sa famille.  


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Partager, échanger, apprendre, vivre ensemble, sont les valeurs prônées par le wwoffing

Le wwoofing est un échange de bons procédés particulièrement intéressant si les techniques de culture prônées par l'agriculture bio vous intéresse et qu'une découverte du mode de vie des locaux vous tente. Si les raisons de choisir ce type d'expérience peuvent être multiples, les principales relèvent généralement d'un désir d'apprendre, de visiter et de s'intégrer à la vie locale en découvrant les bons plans à travers la lorgnette des habitants plutôt que celle de votre guide de voyage ! Généralement passionnés et très investis dans la gestion et le développement d'une agriculture durable, les agriculteurs qui accueillent les wwoofeurs prennent du temps pour transmettre et partager leurs connaissances avec eux. C'est d'ailleurs exactement ce qui s'est passé avec Anne et Marc, une famille canadienne avec laquelle nous avions choisi, mon fils, Samuel, 11 ans, et moi de tenter cet été l'expérience du wwoofing. Après deux chantiers de solidarité en Inde et au Vietnam, j'avais très envie d'expérimenter ce type de voyage porteurs de valeurs telles que la solidarité et l'écologie.

Le Canada était un pays qui nous tentait beaucoup et particulièrement la province de Québéc, entre autre, parce que la langue pratiquée là-bas était le français !

Située à mi-chemin entre Ottawa et Montréal, la ferme « Aux Solstices » nous a donc accueilli sous le soleil un samedi après-midi du mois d'août. Nous avions convenu quelques jours plus tôt par mail avec Anne d'un point de rendez-vous au fameux marché By d'Ottawa le jour même. Comme tous les samedis, Marc, le propriétaire, Laurent, un employé et Nathalie, une wwoofeuse étaient arrivés sur place aux aurores pour vendre leur production de légumes.

 

En arrivant sur le stand, je suis admirative de la beauté et de la fraîcheur des légumes, c'est un vrai régal pour les yeux, avant même de l'être pour les papilles ! Il est 15 heures, l'heure de remballer dans le camion les légumes qui n'ont pas été vendus et le matériel du stand. Une petite demie-heure plus tard, le camion est fin prêt à prendre la route, direction Namur, une petite bourgade située à 1h30 d'Ottawa. Samuel et moi nous faisons le trajet dans la voiture de Nathalie. Cela fait 2 mois que cette étudiante américaine originaire du Michigan fait du wwoofing chez Anne et Marc. Elle nous parle avec enthousiasme de son expérience et de son quotidien à la ferme.  

 

 Vivre en immersion au rythme des locaux

 

A notre arrivée « Aux Solstices », nous sommes accueillis par Anne, Baptiste et Eléanore, ses deux enfants âgés de 10 et 8 ans. Ici, il y a comme une impression de bout du monde et de petit paradis perdu. La ferme est située au bout d'un chemin, c'est la dernière maison avant une rivière et la forêt. Une petite promenade dans les champs de l'exploitation, histoire d'investir un peu ce qui deviendra dès demain matin mon lieu de travail, dîner en famille (pas toujours simple de comprendre le français québécois!) et coucher tôt, demain le réveil sonne à 7 heures.

Après une nuit réparatrice, un bon café, une tranche de pain tartiné avec du miel produit par les ruches situées sur la ferme, j'enfile mes baskets (après une nuit de pluie, Anne me prêtera finalement ses bottes en plastique !) et c'est parti pour une matinée de travail. Au programme : récolte et désherbage. A quatre pattes dans les champs, je scrute avec attention la moindre mauvaise herbe pour l'arracher à sa terre nourricière. Avec Laurent, nous refaisons le monde. Etudiant franco-canadien en agronomie à l'université de Québec, il a décidé de venir travailler tout l'été chez Anne et Marc, histoire de mettre un peu plus en pratique les notions théoriques apprises sur les bancs de l'école. Tout au long de mon séjour, nous échangerons beaucoup sur nos deux pays et sur l'agriculture en général. Grâce à lui, je sais maintenant à quoi ressemble un doryphore, cet très jolie petite bête qui raffole des feuilles de pomme de terre. Autre indésirable redoutable que j'ai appris à reconnaître : la larve de hanneton qui se régale des racines de nombreux légumes !


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De mars à octobre, Anne, Marc et leurs deux enfants accueillent des wwoofers dans leur ferme

12h45, c'est l'heure du dîner (au Canada, on déjeune le matin, on dîne le midi et le soir, on soupe!). Le tintement de la cloche rappelle à tout le monde que le repas est prêt. Aujourd'hui, c'est Anne qui en a la charge, demain ce sera au tour de quelqu'un d'autre. Comme d'habitude, la nourriture préparée avec les légumes de la ferme est excellente. Samuel et moi, on se régale et on ne se fait pas prier pour se resservir, le travail au champ, ça creuse !

Au fil des jours qui se succèdent, j'apprécie de plus en plus d'avoir les mains (et souvent les genoux!) dans la terre. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid, et les fameuses mouches noires, dont les piqûres sont particulièrement redoutées ont semblé déserté la région. Ouf ! Au début du mois de juillet, elles avaient réussi à faire fuir des wwoofeuses allemandes de chez Anne et Marc. Quant à Samuel, il semble lui aussi apprécier l'expérience. Après quelques parties de Mille Bornes avec Baptiste et Eléanore, et de longs moments passés au trampoline, il est devenu un pro du volant et des sauts en tout genre!

 

 

Le retour en France est l'occasion de faire le bilan de cette première expérience de wwoofing. Celui-ci est plutôt très positif autant pour moi que pour Samuel. Ce voyage aura été l'occasion de nombreux et passionnants échanges inter-culturels, de rencontre et de partage autour d'une vision d'une société plus humaniste et plus protectrice de son environnement. Quant à Samuel, cette aventure lui aura permis de s'ouvrir davantage aux autres et d'élargir son horizon culturel avant son entrée au collège en classe de 6ème.  

 

12 000 fermes dans 60 pays du monde pratiquent le wwoofing

 

Né en Angleterre dans les années 70, le wwoofing a pour objectif de participer à la construction d'une communauté durable et globale. Aujourd'hui, le concept connaît un vrai succès. Rien qu'en France, ils seraient 10 000 à tenter chaque année l'expérience chez l'un des 1300 hôtes recensés.

 

Au total, ce sont près de 60 pays et 12 000 fermes qui participent au développement de ce mouvement international à travers le monde. Contrairement à ce que certains pourraient penser, le wwoofing n'est pas réservé à des baba cool nostalgiques ou des hippies sur le retour, il s'agit véritablement d'une démarche engagée qui en fonction du lieu d'accueil choisi offre de multiples possibilités de travail et de découvertes.

 

Concrètement, comment ça se passe le wwoofing ? Avant toute chose, il faut pour pouvoir participer à ce type d'aventure avoir passé le cap de la majorité, soit 18 ans. Si un âge minimum est nécessaire, il n'y a, par contre, pas de limite d'âge. Le wwoofing peut même se pratiquer en famille. Certains agriculteurs acceptent en effet la présence d'enfants. Une bonne façon pour faire découvrir à vos chères têtes blondes un autre environnement, étant entendu, bien sûr, qu'elles ne seront pas mises à contribution dans le travail qui vous sera demandé !

 

Seul impératif donc au wwoofing : être en bonne santé et ne pas rechigner à la tâche. 25 heures, soit environ 5 heures par jour, c'est le temps de travail hebdomadaire moyen qui est généralement demandé à un wwoofeur pour un séjour pouvant d'aller de quelques jours à plusieurs mois selon vos disponibilités, le type d'exploitation et la quantité de travail à faire.  


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Partout dans le monde, des agriculteurs accueillent des wwoofers sur leur terre, un bon moyen de découvrir une autre culture

Concernant les exigences en matière de compétences requises, il n'y en a logiquement pas puisque le concept du wwoofing est avant tout basé sur l'échange de connaissances portant sur l'agriculture biologique. Concernant la préparation de votre valise, il y a par contre des impératifs de matériel sur lesquels mieux vaut ne pas faire l'impasse. Des bottes en plastique, des vêtements qui ne craignent pas d'être salis et une paire de gants de jardinage font parti des incontournables ! A vous ensuite de compléter cette liste basique en fonction de la saison et de l'endroit de la planète où vous avez décidé de vous rendre.

 

Le choix du pays dans lequel vous souhaitez partir peut aussi dépendre du type de travail que vous avez envie de faire. Certaines fermes hôtes sont plus spécialisées dans la culture des fruits et des légumes alors que d'autres ne font uniquement que de l'élevage, par exemple.

Attention aussi au lieu géographique choisi. Selon que vous soyez véhiculé ou non, pensez aux activités que vous allez pouvoir faire aux alentours lors de vos jours de congé. Ce serait dommage de ne pas pouvoir profiter de ce temps de repos, faute de moyens de transport !

 

Vous voulez partir mais vous ne savez pas trop par quel bout commencer vos recherches ? Rendez-vous sur le site général wwoof.net. En plus de recenser tous les pays accueillant des wwoofers, vous y trouverez également une mine d'informations générales qui vous aideront à préparer votre voyage. A vous ensuite de faire votre choix de destination et de passer par la plateforme spécifique à chaque pays. Une fois votre cotisation annuelle payée, vous aurez accès aux profils des agriculteurs susceptibles de vous accueillir. Il ne vous restera plus alors qu'à prendre contact avec ceux chez qui vous avez envie de séjourner, de vous mettre d'accord sur les modalités de votre séjour et à préparer votre sac à dos !

 

Inutile de paniquer si vous ne maîtrisez pas « fluently » la langue du pays dans lequel vous souhaiter vous rendre, d'autant plus, que parfois, les familles qui accueillent des wwoofers parlent plusieurs langues. Ce type d'expérience peut aussi être un bon moyen d'améliorer son niveau linguistique même si une connaissance basique de l'espagnol ou de l'anglais ne doit pas vous faire renoncer à votre envie de partir au Chili ou en Irlande.

 

S'il fallait rajouter un dernier conseil sur la liste des trucs et astuces à maîtriser pour bien réussir son séjour en wwoofing, sans doute faudrait-il évoquer la nécessité de faire preuve le temps de cette expérience d'une dose de bonne humeur, d'une touche de souplesse et d'un zeste d'adaptabilité. Un cocktail indispensable pour vivre l'aventure pleinement !

 

www.wwoof.net

 

Corine Carré

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