· 

Des oeuvres d'art à la place des pubs

Ôboem remplace la publicité par des oeuvres d'art
utiliser les panneaux publicitaires pour afficher des oeuvres d'art, c'est l'idée d'Ôboem

Faire sortir l'art des galeries et des musées pour l'exposer dans la rue, c'est la belle idée d'Oliver et Marie, les fondateurs du site internet Ôboem. Grâce à leur plateforme des artistes vont pouvoir présenter leurs oeuvres au public en utilisant les panneaux d'affichage publicitaires comme support! Première campagne d'affichage prévue au mois de septembre dans les rues de Bordeaux.


Marie Toni et Oliver Moss, les créateurs d'Ôboem
Marie Toni et Oliver Moss, les créateurs d'Ôboem

C'est un voyage en Amérique Latine réalisé il y a quelques années qui fera bifurquer irrémédiablement les parcours professionnels d’Oliver et Marie. Au cours de leur pérégrination outre-Atlantique, ils font une pose au Chili. Ils tombent amoureux de Valparaiso, la deuxième ville du pays située à une centaine de kilomètres à l'ouest de Santiago, la capitale. « C'est une ville qui respire l'art. Là-bas, les maisons sont très colorées, c'est très gai et très poétique » explique Oliver.

 

 

Lorsqu'il rentre en France après ce voyage, il a très envie de créer une entreprise. Son credo : inventer un concept utile. Impossible pour lui de retomber dans l'obligation qu'il avait lorsqu'il travaillait dans le e-commerce de toujours trouver plus de moyens pour vendre encore et toujours plus. Travailler, oui, mais pas comme ça. La découverte de Valparaiso fait réfléchir le couple à la présence et la place de l'art au sein de la ville. Et si à la place des messages publicitaires qui envahissent nos environnements urbains en occupant un espace visuel toujours plus important, on utilisait plutôt les panneaux d'affichage pour exposer des œuvres d'art ? Cette idée, Oliver et Marie vont sérieusement y réfléchir et après une période de maturation de leur concept, ils lui donnent enfin vie. « Si on a choisi de monter ce projet c'est en partie pour des raisons philosophiques. On souhaitait permettre aux gens de porter un autre regard sur les panneaux d'affichage tout en leur donnant l'occasion de remettre en question les messages souvent trop consuméristes auxquels ils sont beaucoup exposés. Je crois que notre message c'est : regarder, c'est de l'art, il n'y a rien à vendre. L'idée est de permettre une réappropriation de ces espaces visuels par la population en lui permettant de choisir le contenu affiché. C'est une manière de prendre plus de contrôle sur les choses. En utilisant ces outils de communication, c'est un peu comme si on faisait une sorte de pied de nez au système. On se sert de ce qui existe en le détournant de son usage commercial pour lui donner une dimension artistique. On avait envie par ce biais d'éveiller les curiosités et la créativité et surtout aussi de démocratiser l'accès à l'art en sortant les œuvres des galeries dont l'accès est parfois encore trop confidentiel» raconte Oliver. 

Après plusieurs mois de travail et de prise de contact avec des artistes, le couple créé Ôboem, un site internet dont l'objectif est de présenter les œuvres des artistes sélectionnés pour participer à la première campagne d'affichage prévue pour le mois de septembre dans les rues de Bordeaux. Quand on demande à Oliver pourquoi ce choix de nom, il l'explique simplement et joliment. « Les artistes du mouvement Bohème n'avaient pas beaucoup d'argent et vivaient grâce au mécénat, cela est synonyme pour moi d’une expression libre et d’un rejet de la bourgeoisie. J'avais envie à travers notre projet d'aider les artistes et de changer les règles du jeu. Pour le Ô, c'est surtout une incantation poétique ».

 

 Plus de 200 oeuvres d'art affichées dans les rues de Bordeaux

 

Pour mener à bien leur projet, Oliver et Marie lancent une campagne de mécénat participatif sur leur site internet. L'idée est de pouvoir collecter 20 000 euros afin de pouvoir louer entre 200 et 300 emplacements sachant qu'en moyenne, la location d'une centaine d'espaces pour une semaine coûte environ 7 000 euros sur Bordeaux. Pour Oliver et Marie, l'objectif de cette campagne est de permettre à tous ceux qui le souhaitent de participer à ce financement en misant sur leur œuvre préférée parmi toutes celles présentées sur le site. Si la mise minimum est de 10 euros, chaque donateur est libre de donner plus. Comme pour chaque opération de crowfunding, des contreparties sont proposées aux contributeurs en échange de leurs dons. Celles-ci vont de la simple carte postale représentant l'oeuvre jusqu'à la reproduction imprimée sur toile.

Au total, cette première campagne devrait réunir une vingtaine d'artistes choisis par Oliver et Marie. Pour cette première fois, ils ont choisi de fonctionner au coup de cœur. « On a fait beaucoup de recherches sur internet et on s'est aussi beaucoup déplacé dans les galeries. Ni l'un, ni l'autre ne vient du monde de l'art, on n'a pas voulu porter sur les œuvres un regard d'expert, on ne voulait pas non plus une sélection d’oeuvres trop pointues difficiles à déchiffrer par le grand public, c'était pas du tout notre objectif. On a surtout privilégié nos émotions par rapport aux œuvres qu'on voyait en s'orientant plutôt vers des œuvres graphiques et colorées » explique Oliver qui a été ravi de l'enthousiasme suscité par Ôboem auprès des artistes qu'il a sollicité pour participer à son projet. « 80% de ceux à qui on a demandé de travailler avec nous ont accepté. Ils ont vraiment adhéré à notre concept, ils ont aimé son côté innovant. D'ailleurs, certains nous ont même aidé à développer le site ». L'idée les a tellement convaincus qu'ils ont tous accepté de jouer le jeu sans percevoir aucune rémunération sur l'affichage de leurs œuvres. Pour Oliver, la campagne d'affichage proposée par Ôboem « est avant tout une vitrine pour le travail des artistes. On veut vraiment que l'oeuvre soit mise en avant. C'est aussi le moyen d'utiliser l'art et la force de la foule pour changer les choses, on a juste envie de planter une graine». Une graine qui un jour prochain peut-être deviendra un arbre puis une forêt....

 

Corine Carré

 

www.oboem.com



 

Écrire commentaire

Commentaires: 1
  • #1

    Bernard pascale (lundi, 10 juillet 2017 19:28)

    L'art à la portée du regard de tous c'est fabuleux, l'art dans la rue c'est essentielle. Imaginez le bien que ça peut faire à un maximum de personnes